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Paris, France
Ce blog est celui de la conversation libre. Autour des arts, des livres, de la télévision ou de tout autre sujet de culture mais aussi - n'est-ce pas culturel ? - de la politique. C'est dire, simplement, que sur ce blog on parlera de tout. Je le nourrirai au rythme de mon inspiration, de mes rencontres, de mes visites, de mes lectures, de mes poussées d'admiration ou de colère aussi. Que chacun, ici, intervienne. Que l'on discute les uns avec les autres.. Voilà l'ambition de ce blog. Un mot encore sur le titre. "Mon oeil", c'est ce que je vois, mais c'est aussi, vieille expression, une façon de dire que l'on n'est pas dupe et que l'esprit critique reste le maître contre par exemple le "politiquement correct" et contre les idées reçues, de droite comme de gauche. ************************************************************************************* Pour les amateurs d'art, je signale cet autre blog, plus spécialisé sur l'art et les artistes, les expositions, les formes d'expression d'ici et d'ailleurs, d'hier et d'aujourd'hui: http://monoeilsurlart.blog4ever.com/blog/index-350977.html

samedi 3 mai 2014

Van Gogh, cette étoile filante.

L'avantage avec les livres de Karin Müller c'est qu'ils font ressusciter pour nous lecteurs les grandes figures disparues de la peinture : Henri Matisse,  Edward Hopper, Nicolas de Staël, aujourd'hui Vincent Van Gogh.  Cet auteur (non, pas «cette auteure» s'il vous plaît, j'en palis) recrée de saisissantes autobiographies fictionnelles et minutieuses. Très vivaces  surtout et très exactes. Karin Müller, petite souris, se glisse furtivement dans les récits, les correspondances, les biographies, les études, les articles de revues… pour en extirper le grain des éléments de vie qu'elle transpose avec savoir-faire à la première personne du singulier. « Je est un autre », certes, et « Madame Bovary, c'est moi »… «Je» ici n'est plus Karin Müller, c'est Matisse, Hopper, Staël, Van Gogh… Et c'est pour nous un bonheur de lecture chaque fois renouvelé.

 En parallèle avec la très passionnante exposition ouverte au Musée d'Orsay, ce printemps et jusqu'au 6 juillet 2014, "Van Gogh/ Artaud. Le suicidés de la société", qui permet de revoir ou de voir, à Paris, des tableaux sublimes du peintre hollandais, il faut lire ce nouveau livre de Karin Müller.  


Vincent Van Gogh, deuxième du nom - puisqu'il succède sous le même patronyme à son frère, son aîné d'un an, mort-né - et même quatrième car il porte le même prénom que son grand père et son oncle qu'il appelle « Oncle Cent ».  Le petit Vincent, exilé de onze à quinze ans dans des pensionnats, taciturne, renfermé, se sent mal aimé et se réfugie dans la lecture : « La case de l'oncle Tom », Heine, Schiller, Goethe, Andersen.., l'observation de la nature autour de lui, le dessin et la peinture qu'il apprend avec son professeur Constantin Huysmans. Mais rien de tout cela ne lui offre a priori de voie sérieuse pour l'avenir, de métier. 

C'est « Oncle cent » qui va lui permette de s'insérer dans la vie active. Comme lui, Vincent va d'abord devenir marchand de tableaux.  À La Haye, associé avec le grand marchand parisien Adolphe Goupil, cet oncle a créé une belle et florissante galerie. On y vend des toiles de Millet, Renoir, Pissarro, Manet… et aussi –innovation- des tubes de peinture qui y attirent la clientèle des artistes qui peignent sur le motif.

Durant quelques années, de 1869 à 1875, de 16 à 22 ans, Vincent junior devient donc marchand d'art. À La Haye, à Londres, il se satisfait de cette fonction dont il s'acquitte parfaitement. Il y noue des relations avec des peintres. Court musées et expositions. Muté à Paris, il se pose alors pourtant une question existentielle. Va t-il devoir vendre des tableaux toute sa vie ? Cette interrogation le taraude. Non, il n'a envie ni d'une belle maison, ni de fonder une famille. Perturbé, il se plonge dans la Bible, songe à devenir pasteur, se remet au dessin, devient acariâtre avec les clients.

Il décide alors de larguer les amarres et repart pour Londres où il se retrouve répétiteur, « maître d'école-assistant paroissial-aide prédicateur ». Il s'ennuie. Il va à Dordrecht, près de Rotterdam, où il devient commis-libraire grâce à l' « Oncle Cent ». Mais il passe le plus clair de son temps à traduire la Bible en trois langues outre le néerlandais, le français, l'anglais, l'allemand. Pris sur le fait il est renvoyé au grand dam de son oncle qui se fâche définitivement avec lui. Heureusement il a d'autres oncles qui le soutiennent dans cette mauvaise passe où il hésite toujours sur son avenir, -devenir pasteur ou quoi ?- et lui fournissent des contacts. Mais Vincent accumule toujours les échecs. Le voilà évangéliste – sans écho- à Bruxelles, mineur à Marcasse, infirmier d'occasion… Il est hâve et miséreux, colérique, se vêt de loques et dort dans une cabane. Mais il dessine de nouveau avec appétit…

Surgit un nouveau bienfaiteur, Théo, son frère cadet, qui muté à Paris en 1880 pour vendre des tableaux, renoue avec lui et lui promet un soutien financier régulier. À travers les péripéties familiales, les faillites amoureuses, les ennuis de toute sorte qui s'enchaînent, Théo –et son chèque mensuel- seront son pilier central. Sur le dessinateur aguerri qu'est devenu Vincent encouragé par Théo et le peintre Anton Mauve, l'empreinte de Millet se renforce. Le peintre surtout va se révéler avec l'apparition, dans son travail, de la couleur. Des teintes sombres, tristes, sinistres même, noires pour tout dire.  Pas encore ces couleurs de feu qui d'Anvers à Auvers vont peu à peu nourrir sa gloire éternelle.

C'est à Paris en 1886 qu'il va naître à lui même. Manet, Sisley, Cézanne , Pissarro.. le marquent. Il se lie avec Toulouse-Lautrec, John Russel, Émile Bernard, Signac, Anquetin… Et surtout Gauguin. En 1888, ce dernier revient en Bretagne. Van Gogh décide de partir pour le midi.

1888-1890. Ces deux années, ces deux dernières années de sa vie, seront pour Vincent son zénith et son Golgotha. Dès son arrivée  dans cette belle et antique ville d'Arles, Vincent se dévoue corps et biens à la peinture : une Arlésienne ;  sa chambre jaune ; des pêchers en fleurs ; un verger ; des arbres ; le café du coin ; des ruelles ; des barques ; des voisins … tout est prétexte à peinture.  Fin 1888, l'ami Gauguin –sous contrat avec Théo- débarque. Le bizarre et improbable «ménage» ne tient qu'un mois, le temps de se défaire. Une oreille coupée, Vincent se remplume à l'hôpital. Mais la population locale affolée et criarde veut qu'il s'en aille. Elle le considère comme un fou. Angoisses, hallucinations, égarements, il est du même avis et se fait admettre à l'hôpital psychiatrique de Saint-Rémy- de-Provence. Il lit. Tente aussi à plusieurs reprises de se suicider. Il peint surtout. C'est sa raison d'être. Rayon de lumière, en janvier 1890,  une première critique enthousiaste de Gabriel-Albert  Aurier parait dans « Le Mercure de France ». En février, Van Gogh vend sa  première toile « La vigne rouge » -400 francs- à Anna Boch, sœur du peintre Eugène Boch qu'il a portraituré (« Le Poète). Son succès d'estime au Salon des Indépendants en mars, et ces premiers signes de reconnaissance l'incitent à revenir vers Paris. En mai, il y est. Pour quelques jours seulement. Car il va tout de suite se fixer, tout à côté, à Auvers-sur-Oise. Et là, il peint. Fébrilement. Il peint son ami le docteur Gachet, sa maison, ses enfants, l'église du village, des champs de blé,  le 14 juillet… Mais les crises sont de retour. Le 29 juillet, il se tire une balle en pleine poitrine. Il a trente-sept ans. Au cours de sa vie hachurée et bariolée Van Gogh aura produit 1100 dessins. Et 900 peintures dont la plupart ces deux dernières années. Théo, syphilitique,  meurt six mois plus tard. Son fils, 1890-1978, sera le cinquième et ultime Vincent de la famille Van Gogh. Il faut lire dans le texte de Karin Van-Gogh-Müller le récit vibrant et habité, ci-dessus résumé,  de la trajectoire extravagante et sublime, forcément, de ce météore dans une nuit étoilée. 

Jacques Bouzerand

"Van Gogh… pour planer au-dessus de la vie" par Karin Müller. Suivi de "Vincent Van Gogh & Antonin Artaud" frères de souffrance. Préface de David Haziot Collection "je, biographe", éditions Michel de Maule, Paris 2014. 







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