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Paris, France
Ce blog est celui de la conversation libre. Autour des arts, des livres, de la télévision ou de tout autre sujet de culture mais aussi - n'est-ce pas culturel ? - de la politique. C'est dire, simplement, que sur ce blog on parlera de tout. Je le nourrirai au rythme de mon inspiration, de mes rencontres, de mes visites, de mes lectures, de mes poussées d'admiration ou de colère aussi. Que chacun, ici, intervienne. Que l'on discute les uns avec les autres.. Voilà l'ambition de ce blog. Un mot encore sur le titre. "Mon oeil", c'est ce que je vois, mais c'est aussi, vieille expression, une façon de dire que l'on n'est pas dupe et que l'esprit critique reste le maître contre par exemple le "politiquement correct" et contre les idées reçues, de droite comme de gauche. ************************************************************************************* Pour les amateurs d'art, je signale cet autre blog, plus spécialisé sur l'art et les artistes, les expositions, les formes d'expression d'ici et d'ailleurs, d'hier et d'aujourd'hui: http://monoeilsurlart.blog4ever.com/blog/index-350977.html

dimanche 24 mars 2013

Garrett Pruter : Toute la mémoire du monde...







On est d’abord frappé, happé,  par la matière de ces panneaux. Ce pourraient être des dalles de marbre tranchées dans des veines calcaires légèrement colorées, mouchetées de rose ou de brun… On se rapproche.  Non, ce sont de vrais tableaux, des toiles dont la surface renvoie seulement à cette vision minérale. Pas des trompe-l’œil : la surface n’est pas peinte, travaillée dans le dessein d’une imitation du réel. Les toiles ont recueilli et conservé, accrochés à leur trame blanche de lin, de minuscules fragments, de tous petits agglomérats qui s’organisent en très  légères vagues. À la manière un peu d’une limaille de fer  qu’oriente, hors du champ de vision, un aimant. Mais sans ces lignes de force nettes et géométriques ou paraboliques que l’on décrypte dans les livres de science au chapitre électricité. Pour un peu on serait dans du monochrome, gris-rosé plus ou moins clair ou foncé, plus proche de Bernard Aubertin (1) que d’Yves Klein… Mais en écrivant cela, en décrivant ce que l’on voit, on n’a pas épuisé le sujet. Ni le propos de l’artiste. Loin s’en faut.

Dans la toute nouvelle galerie, ouverte, rue Chapon, dans le III ème arrondissement à Paris, par Virginie Louvet ( passée sous la férule de Me Binoche et de Daniel Templon) , voici  - pour quelques jours encore, dépêchez-vous d’y aller - une découverte.

Garrett Pruter a vingt-cinq ans. Il est californien. Il vit et travaille à Brooklyn. Ce jeune artiste qui a suivi les bonnes écoles, est diplômé comme il le faut, (à la Parsons School of Design de New-York, en 2010), s’était fait une belle réputation new-yorkaise en découpant en petites parcelles des milliers de photographies et en reconstituant avec ces bouts de papier des images composites. Et superbes.

Il a, ici, débordé de ses limites. Et, d’une certaine façon, il a inventé non pas un langage mais un nouveau mode de stockage de l’information artistique. J’explique.

Garrett Pruter, de longue date, est allé à la chasse ou à la pêche aux photographies d’amateurs restituant des moments de vie : repas familiaux, vacances à la plage, courses cyclistes, animaux familiers… Dans ses filets, il en a ramené des milliers.. Il se sert de ce matériau qu’il coupe et recoupe pour obtenir des atomes de photographies qu’il ré-assemble sur la toile. En nouveaux paysages… Ici, il ne s’est pas contenté de fragmenter des photographies, de les hacher menu, il en a gratté la mince surface pour récupérer la gélatine et les pigments. Cette fine substance qui a porté et constitué l’image, qui a été l’image, qui a contenu et figuré tant de personnages, de situations, de paysages… est désormais réduite en une poussière, puis en une pâte.  Celle-ci est alors mélangée à quelques autres ingrédients, des particules d’aluminium,  de la térébenthine, de l’huile de lin qui lui confèrent de la luminosité et permettent de la fixer sur la toile. Ce qui donne naissance à ces tableaux inédits.

Le Big-bang, on le sait (?), a créé  ce que les savants appellent la « soupe primordiale », ce maëlstrom d’électrons  qui peu à peu se sont différenciés pour engendrer les galaxies, les univers, les êtres animés…
La « soupe primordiale » de Garrett Pruter, cette pâte qui devient œuvre,  contient comme l’adn de ce qui y a été incorporé, images disparues. Ces tableaux si concrets, si matérialistes dans leur fabrication, et si lisibles dans cette apparence, sont en vérité des réceptacles de souvenirs enfuis, dispersés, lointains. Ils concentrent dans leurs à-plats,  œuvre après œuvre,  toute la mémoire du monde.

Jacques Bouzerand


" Wish you were here " jusqu'au 6 avril 2013. Galerie Virginie Louvet. 48,rue Chapon. Paris III ème. Exposition sous le commissariat de Cecelia Stucker.



Untitled IV, 2013
Photographic pigment, aluminum, turpenoid, and linseed oil on canvas.
27.5" x 35. Galerie Virginie Louvet
Flesh 2, 2012
Cut up sunsets on paper
30" x 40" Galerie Charles Bank NY


 The Universes, 2012
Cut up Digital C-Print of found photograph, found poster
30" x 40" Galerie Charles Bank NY

FLESH (MIXED SIGNALS), 2011
Cut-up vintage Playboy and Penthouse magazines on paper
30 x 40 in 76.2 x 101.6 cm Galerie Charles Bank NY

Ship Wrecked, 2012
Cut up Digital C-Print of found photograph, found poster
30" x 40" Galerie Charles Bank NY


(1) Bernard Aubertin (né en 1934, vit et travaille à Reutlingen, Allemagne) Il rencontre Yves Klein en 1957 à Paris. À la suite de cette rencontre il réalise ses premiers monochromes rouges. Dans le cadre de la saison "Imaginez l'Imaginaire", 28.09.12 - 30.09.13, Palais de Tokyo, Paris  et Bernard Aubertin
La nature des choses  9 février - 26 mai 2013 au Mamac, à Nice. 


mardi 19 mars 2013

Julie Verlaine : Tout pour la galerie..


Non ce n'est pas un sonnet, ni un poème en prose ( pardon pour ces jeux de mots faciles ) mais une formidable étude sur le fonctionnement des galeries d'art contemporain à Paris, de 1944 à 1970. Pour qui s'intéresse à l'art contemporain, cet ouvrage est une nécessité. 
Cette étude a été menée sur plusieurs années par Julie Verlaine, agrégée d'histoire, ancienne élève de l'École normale supérieure, maître de conférence à l'Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne. Cette recherche a été conduite notamment dans de nombreux centres d'archives, à Paris et à New-York, mais aussi à Angers, Caen, Cologne et New-Haven. Elle retrace l'histoire sociale et culturelle du commerce de l'art parisien après la Libération.
"La compréhension de la spécificité du marché de l'art contemporain qui réside dans l'intrication complexe entre art et argent, entre création et commerce, passe par l'étude de la manière dont celui-ci construit la valeur des oeuvres d'art."

Le marché des oeuvres d'art contemporain, explique Julie Verlaine, s'est transformé à la suite de  "plusieurs phénomènes, comme la perte d'influence des récompenses académiques et, a contrario, la prise d'importance des indicateurs économiques pour attester la valeur des mouvements picturaux d'avant-garde, le déplacement de l'intérêt du public, la facture de l'oeuvre vers l'originalité et la signature de l'artiste, sans oublier la spéculation croissante des collectionneurs", tout cela concourt à faire de la réputation le signe le plus déterminant de la légitimité artistique, à lier très étroitement le critère du goût, voire de la mode, à celui de la valeur des oeuvres".

Du coup, les marchands d'art sont amenés à "concentrer leurs activités sur la construction d'une notoriété la plus solide et la plus large possible pour leurs artistes". " L'originalité et la complexité de ce marché naissent de la confrontation entre cette logique de notoriété et la forte incertitude qui entoure la valeur des oeuvres d'art au moment de leur création et de leur première commercialisation." "Les marchands prennent place parmi ces instances de légitimation qui résolvent, quoique incomplètement, le problème de l'incertitude et ipar conséquent forgent la valeur des oeuvres récentes." 

Je constate que je n'ai fait jusque là que de citer des phrases de Julie Verlaine.  Mon "plagiat" incomplet ( mais reconnu en l'occurrence ) me permet ici grâce à la justesse et à l'intelligence de ce qui est dit, de  tracer, mieux que je ne l'aurais fait moi-même en recomposant un discours le propos de l'auteur. De Denise René à Daniel Templon, de Bernard Gheerbrandt à Daniel Cordier et Aimé Maeght, de Colette Allendy, d'Iris Clert, de Paul Facchetti et Myriam Prévost, à Pierre Restany et Janine Goldschmidt et à Daniel Gervis, Iléana Sonnabend  ou Yvon Lambert pour ne citer que quelques noms,  ces galeristes ( le mot, si utile, a été introduit en 1981 dans le Petit Robert )  ont découvert et aidé les plus intéressants des artistes à vivre, à créer et à construire leur notoriété. Ils ont  constitué le nouveau marché parisien de l'après-guerre. Avec eux nous parcourons trente-cinq années fabuleuses ou difficiles qui ont marqué l'histoire de l'art, à Paris et dans le monde. 
De très passionnantes illustrations, de beaux graphiques, des listes d'expositions et des tableaux synoptiques, des index ... aident à la visualisation et à la mise en perspective d'informations. Je n'ai qu'un regret, mais était-ce le lieu, le nombre restreint des indications des cotes des artistes et leur évolution. 

"Les galeries d'art contemporain à Paris, une histoire culturelle du marché de l'art, 1944-1970" Publication de la Sorbonne. 586 pages. Paris décembre 2012.
  

dimanche 17 mars 2013

Alain Kirili : Le forgeron de l'absolu








Qu’Alain Kirili expose de mars  à mai à Paris,  à la galerie « Pièce unique », rue Jacques Callot, et dans sa belle jumelle « Pièce unique Variations », rue Mazarine, c’est pour moi -  et pour beaucoup d’amateurs d’art contemporain évidemment -  une excellente nouvelle. Un événement. Non pas certes qu’on n’ait pas pu voir  - ou qu’on ne puisse pas rencontrer de façon permanente - dans de très nombreux musées ou lieux prestigieux du monde, publics et privés,  et à Paris même,  un très grand nombre d’œuvres de ce sculpteur singulier. Mais surtout parce qu’une exposition comme celle qui est organisée à Saint-Germain-des-Près est à la fois l’occasion d’un retour calme et rétrospectif sur une œuvre riche et profonde et aussi  l’opportunité de la situer dans le  panorama de l’art contemporain.

Cette exposition qui s’ouvre le jour du printemps 2013, se déroule dans ce quadrilatère où Alain Kirili présentait, comme il le précise, sa « première sculpture, en décembre 1972, chez Ileana Sonnabend », la galeriste qui avec Leo Castelli ont été, à la fin du siècle dernier les découvreurs et les défenseurs mythiques des grands seigneurs de la peinture et de la sculpture internationale. Aujourd’hui, la galerie Pièce unique y célèbre son 25 ème anniversaire, sous l’aile tutélaire de ses bonnes fées, Marussa Gravagnuolo et Christine Lahoud, et dans le souvenir du fondateur, Lucio Amelio…


Alain Kirili est un diable de bonhomme. Familier des voyages intercontinentaux et des expériences créatrice. Jamais las, jamais en faille d’énergie, de volubilité et de passion.

Voici (je me suis aidé de sa propre fiche biographique) le parcours de cet artiste qui vogue du jazz à la philosophie et à l’érotisme, du dessin à la sculpture sous toutes ses espèces, de l’Extrême-Orient à l’Afrique, du Tyrol à l’Espagne, de Paris à New York pour trouver  partout et dans l’art d’abord des maîtres qu’il se donne, le miel dont il emplit impatiemment les rayons de sa ruche.

Alain Kirili est né à Paris  le 29 août 1946. Il n’a pas vingt ans quand il s’enthousiasme pour les sculptures de l’expressionniste abstrait David Smith. Un premier séjour aux États-Unis lui permet d’étudier l’art universel en visitant les grands musées de New York, Washington, Baltimore, Philadelphie, Chicago, Detroit… Revenu en France,  il étudie l’art chinois et se rend en Extrême-Orient.

Dans la queue de comète des  événements de mai 1968, il devient en 1969, proche des écrivains et des philosophes qui ont fondé la revue et le groupe d’avant-garde intellectuelle « Tel Quel », Philippe Sollers, Julia Kristeva…

En 1972, Kirili expose sa première sculpture à la Galerie d’Iléana Sonnabend à Paris. C’est une feuille de zinc découpée à froid. La même année, son premier modelé abstrait est une glaise crue plantée d’une mince plaque d’acier. Dorénavant, Iléana Sonnabend montre régulièrement son travail à Paris et à New-York. En 1976, Kirili expose à New York :  à la Clocktower, à la galerie John Weber et au « Moma PS1 ». Il rencontre Robert Morris, Robert Ryman…

En Autriche, au Tyrol, Alain Kirili entre dans une nouvelle phase de sa création  le travail du fer forgé, avec l’artisan Florian Unterrainer. L’année suivante, il participe à la « Documenta 6 » à Kassel et il se marie, en octobre, avec la photographe Ariane Lopez-Huici.

En 1978, Alain Kirili voyage en Inde : il découvre les sculptures Yoni-Lingam qui auront une grande importance pour son œuvre, le socle ayant une fonction symbolique rare dans l’histoire de la sculpture.  Il prend de nombreuses photographies.

A Paris, dans un atelier de potier, il découvre la possibilité de cuire dans la masse, une forme de terre des inclusions de fer. La galerie Sonnabend de New York organise sa première exposition personnelle. En mai 1979, alors que le  MOMA de New-York  vient d’acquérir une de ses œuvres: « Indian Curve » il donne y une conférence sur “L’extase dans la sculpture baroque”. 

Alain Kirili s’installe à New York en 1980. Face au dernier atelier de Barnett Newman… Il crée sa première sculpture de la série « Commandement ». Passionné par l’Inde qu’il a découverte en 1978, il y revient pour  photographier dans le temple de Tanjore la liturgie du Yoni-Lingam, les principes du Masculin et du Féminin. 
À Paris dans un atelier de potier, il découvre la possibilité de cuire dans la masse, un forme de terre des inclusions de fer. La galerie Sonnabend de New York organise sa première exposition personnelle. En mai 1979, alors que le  MOMA de New-York  vient d’acquérir une de ses œuvres: « Indian Curve » il donne y une conférence sur “L’extase dans la sculpture baroque”

Alain Kirili s’installe à New York en 1980. Sur le même palier travaille Barnett Newman… Il crée sa première sculpture de la série « Commandement ». Passionné par l’Inde qu’il a découverte en 1978, il y revient pour  photographier dans le temple de Tanjore la liturgie du Yoni-Lingam, les principes du Masculin et du Féminin.
Dès lors, son temps se partage entre Paris et New York où il enseigne, en 1982, la théorie et de la pratique de la sculpture à la « School of Visual Arts » de New York. En 1984, le Moma achète une autre de ses sculptures, « Cortège », en fer martelé et il crée son premier bronze monumental, « Grande nudité ». L’année suivante, il est à Paris pour son exposition-dialogue au musée Rodin entre ses œuvres  et celles de Rodin. Il prépare son livre sur « Les dessins érotiques de Rodin (qui paraît en 1987).  En 1986, il inaugure dans le jardin des Tuileries, sa sculpture « Grand commandement blanc ». Il apprend, à New York à forger l’aluminium ce qui donnera naissance aux séries « Kings » et « Oratorio »
Le jazz va jouer un rôle important dans la création d’Alain Kirili. En 1992, le premier moment marquant est l’intervention du saxophoniste soprano Steve Lacy autour des éléments de sa sculpture « Commandment » au « Thread Waxing Space » de New York. Alain Kirili publie en 1997, chez Christian Bourgois, « Célébrations » où il décrit les liens entre le jazz et ses sculptures à la lumière de sa pratique avec celle de Cecil Taylor, Steve Lacy, Roy Haynes, Billy Bang, Archie Shepp, Sunny Murray etc.
L’inauguration, en 1996,  du « Grand Commandement Blanc » aux Tuileries, à Paris, après la restauration du jardin va donner le départ d’une collaboration avec le Ministère de la Culture et de la Communication qui lui confie le choix et la mise en place de « La sculpture du XXème siècle » dans le jardin des Tuileries . Une rétrospective de ses œuvres de 1980 à 1999 est organisée au musée de Grenoble en 1999.

Avec le siècle qui s’ouvre en 2000, Alain Kirili innove en travaillant la résine et en expérimentant le modelage de la  résine et la coloration de cette matière. L’année suivante, il crée des terres cuites couleur chair et des modelages polychromes en cire. Carpeaux, maître du modelé du XIXème siècle fait l’objet d’une exposition-dialogue Carpeaux-Kirili en 2002. L’ « Ascension », commande publique, est installée à l’abbaye de Montmajour, près d’Arles.

Une autre exposition-dialogue, autour de Julio Gonzales, se tient en 2003, à Valencia, en Espagne, au musée IVAM. En mars-avril,  à l’École nationale des Beaux-Arts de Paris, Alain Kirili organise la première exposition de dessins de David Smith. Dès l’été, le sculpteur repart pour le Mali où il forge sa série « Segou ».

En 2004, Alain Kirili va au Sénégal pour y forger des sculptures en fer martelé ; il va travailler à Beyrouth pour y expérimenter la sculpture dans une usine d’aluminium ; à New York, son exposition à la « New York Studio School », est accompagnée par  d'un concert de musique improvisée par Leroy Jenkins, Daniel Carter et Thomas Buckner.
L’année suivante, c’est dans les jardins du Palais Royal à Paris que son exposition des séries « Segou » et « Totem » est accompagnée, pour son inauguration, d'un concert de musique improvisée par Joseph Jarman, Dalila Khatir, Jérôme Bourdellon et Thomas Buckner, sur la scène du théâtre du Palais-Royal. En 2006, dans la série d'exposition "Correspondances" au Musée d'Orsay, Alain Kirili crée un dialogue entre sa sculpture « Un coup de dés jamais n’abolira la sculpture » et les photos du « Balzac » de Rodin par Edward Steichen. Cette sculpture est placée face à « L’Origine du monde » de Gustave Courbet.

À New York, en 2007, la Salander-O'Reilly Gallery propose une exposition Kirili-Lachaise, dans laquelle sont exposées « In Extremis » et « Nataraja ». Un recueil de ses écrits et entretiens « Mémoires de sculpteur », est publié aux éditions de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Le Musée de l'Orangerie l’invite à exposer ses sculptures et dessins en dialogue avec les « Nymphéas » de Claude Monet. Pour cette exposition Kirili et les Nymphéas, il réalise « Commandement, à Claude Monet », premier « Commandement » monumental réalisé en béton coloré. Espace Massena, dans le XIIIème arrondissement de Paris, il inaugure aussi sa sculpture monumentale en pierre de Bourgogne, « Hommage à Charlie Parker ». L'émission radio « À voix nue » lui consacre une semaine d'entretiens réalisés par Thierry Dufresne, « Paris. + Voyage en Inde ». 

À Paris, en 2008, Kirili est invité par l' « Institut National d'Histoire de l'Art » à présenter l'œuvre du sculpteur Etienne Martin qu'il a bien connu. L’éditeur Mutablemusic réalise et diffuse le coffret CD-DVD « Kirili et les Nymphéas - Hommage à Monet - Improvised music at the Musée de l'Orangerie », enregistré lors du concert qui s'est déroulé au Musée en 2007. À Paris et New York, il crée les séries de sculptures en fer martelé « Equivalences », « Uccello », « Visitation », les ensembles de terres cuite « Adamah » et « Ivresse », et les dessins « Équivalences ».

En 2009,
 Alain Kirili présente son travail lors d'une conférence avec Paul-Louis Rinuy à l'INHA, Paris. Le film "Alain Kirili, sculpteur de tous les éléments", réalisé par Sandra Paugam, est présenté pour la première fois à NYU, à Paris. Alain Kirili participe à plusieurs expositions collectives : « Sculpture & Drawings » avec Larry Bell, John Chamberlain, Mark di Suvero, Richard Serra, Joel Shapiro… à la galerie Danese de New York ; « Triple Play » organisée par Lilly Wei, avec John Duff et Ron Gorchov à la Lesley Heller Gallery à New York ; « NY Masters » avec Ron Gorchov, Judy Pfaff, Alexander Ross, et Frank Stella, à la Galerie Jean-Luc & Takako Richard à Paris; et l'exposition Dialogue « Sculpture by Alain Kirili and Painting by Frank Olt », organisée par Elaine Berger au « Nassau County Museum of Art Contemporary Gallery », Roslyn Harbor, NY. Invité par Philippe Piguet, il expose sa sculpture « Ascension III » et ses terres cuites « Adamah » à l'Abbaye de Saint-Jean d'Orbestier, Château d'Olonne. Une exposition personnelle en dialogue avec le peintre Ron Gorchov est présentée à la Galerie Jean-Luc & Takako Richard, à Paris. Alain Kirili participe également au catalogue « Sol LeWitt 100 Views » du MASS MoCa avec son texte « Sol LeWitt: A New Calligrapher".

En 2010,
Alain Kirili montre son dessin « Forge » dans l'exposition collective "Works on Paper " , avec John Chamberlain, Richard Serra, Joel Shapiro, à la galerie Danese à New York. Le sculpteur peint en rouge ses nouvelles verticalités martelées dans sa série d'oeuvres « Burning Bush », « Adam I », « II » et « III », et « Zips ». Il développe dans la même énergie la série de dessins « New York Incandescence » au fusain noir et pastel gras rouge sur papier calque.

À Grenoble, en 2011, Alain Kirili inaugure sa sculpture monumentale "Résistance", placée dans un espace paysagé d'Alexandre Chemetoff. Il expose ses dessins au Musée de Grenoble. En juillet, une nouvelle installation de "Ascension" est installée à l'extérieur de l'abbaye de Montmajour. En septembre, dans les jardins du Musée de Caen, sa sculpture « Geste de Résistance » est inaugurée, accompagnée par un texte de l'historien Robert Paxton, « The Eye of Hitler ».


En 2012, se tiennent des expositions personnelles à la galerie Akira Ikeda, à New York et à Berlin. Kirili  fait un séjour à la fondation Hartung-Bergmann où il crée ses sculptures en fils de fer « Aria » avec l’assistance de Roland Massenhove. Un entretien avec Robert Morgan est publié dans le « Brooklyn Rail ». Il publie un article dans Libération: « Pussy Riot, le retour des Guerillas Girls ». Suivent des expositions « Kirili-Hartung » au musée Picasso et à la Fondation Hartung-Bergmann d’Antibes. Son Exposition/installation « Rythmes d’automne » est montrée sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris.
Cette année, outre l’événement à « Pièce unique » et  « Variations »,  une exposition Alain Kirili/ Ariane Lopez-Huici se tient à Caen, au musée des Beaux Arts.

Voilà donc pour la trame d’une aventure artistique qui trouve son sens dans cette recherche et la vénération de la Verticalité. Alain Kirili n’est pas un un artiste du plat - qui peut tourner au  calme plat, voire à  la platitude -. Les deux dimensions ordinaires, celle  de la longueur et celle de la largeur, lui sont radicalement insuffisantes. Kirili ne se sent à l’aise que lorsqu’entre en jeu la troisième dimension celles des formes et celle de la hauteur.

Les formes sont pour lui la matière même de son expression. Il les modèle avec sa main. Animée par la force de son esprit, de son imagination, de sa sensualité surtout qui est pour lui le guide. J’ai eu le bonheur, voilà de nombreuses années, de voir Alain Kirili, dans son atelier parisien, prendre une motte de glaise et, au son d’une musique de jazz, combattre avec elle, comme Jacob avec l’Ange. C’était comme une danse sauvage, un rituel fantastique qui avait pour effet d’imprimer avec violence et maîtrise au sein de la terre l’ensemble des sensations qu’il éprouvait, y inclure les rythmes et les notes de la musique, lui insuffler une vie propre et la conduire jusqu’à l’orgasme d’une perfection, y compris dans le non-finito,  secrètement et intimement exigée. Qu’il s’agisse de la terre, du béton, du fer, du bronze, de l’aluminium… Alain Kirili joue en virtuose  avec les éléments : la terre, le feu (comme tout forgeron), l’air (cette aspiration à une la verticalité retrouvée).

Alain Kirili, dans ses « Commandements » avait de façon plus discrète, déjà institué la verticalité de l’alphabet hébraïque. Chacune des lettres se dressant pour affirmer sa puissance. La lettre debout, la colonne, le totem sont pour Alain Kirili les figures les plus abouties de la Verticalité. Quoi en réalité de plus symbolique et de plus fort ? La Verticalité est  dans toutes les civilisations le signe de l’humanité qui, depuis  l’animalité originelle, par la station, a fait émerger et épanouir sa cérébralité. C’est ce que signifient sans doute les obélisques égyptiennes, c’est ce que dans ses « Pensées mourides », expression d’une philosophie soufie qui a son centre à Touba au Sénégal, exprime le poète et philosophe Al-Zeituni : « La verticalité ouvre le champ de la spiritualité, de la hauteur, du recul, la Voie ». Il ne peut échapper que le vertical est aussi, comme en témoignent  aussi bien les figures peintes dans les cavernes les plus diverses par l’artiste préhistorique que dans l’art de l’inde et des Extrêmes-Orients le signifié du phallus. C’est à dire de la sexualité. C’est à dire la vie.
Il me plait assez de penser qu’en associant avec tant de puissance la sensualité ( des matériaux, des formes, de la musique ) à la sexualité et à la spiritualité, Alain Kirili accomplit une œuvre d’une humanité et d’une contemporanéité remarquables.

Jacques Bouzerand


(Corrections apportées le 2/04/2013)
Les images de cette page sont sous Copyright d'Alain Kirili.



  














Alain Kirili
« Qui a Peur de la Verticalité ? »
21 Mars – 18 Mai 2013

Galerie Pièce unique et Pièce unique variations
Rue Jacques Callot ;  rue Mazarine       PARIS